mercredi 8 juin 2011

Le Puits de Célas

**** Note de la page 36.
Le puits de Célas est un puits de mine désaffecté de 130 mètres de fond où furent précipités en 44 des résistants morts sous la torture au fort Vauban. Combien ? On ne le sait même pas vraiment. Deux mois après, à la libération, il fallut extraire les corps ou ce qu’il en restait et tous ne furent pas reconnus ; plus exactement comme disait Madame Rodier, une fille de résistants que j’ai interviewée «tous les morceaux n’étaient peut-être pas les bons». L’un d’entre eux était Gustave Nouvel, le fiancé de ma mère. Je ne l’ai su qu’il y a 5 ans, après sa mort, en trouvant au grenier des lettres que celui-ci lui avait adressées. Personne ne m’en avait jamais parlé. J’ai eu l’impression de retrouver mon père. Un père, ce n’est pas seulement celui qui a engendré mais c’est avant tout celui qui a désiré, fût-ce à titre de simple fantasme, un enfant, d’une femme déterminée. Gustau voulait un enfant de Pauline, une fille, et l’appeler Irène. C’est moi… Et ce n’est pas moi. Tous les ans, à la date anniversaire approximative de l’extraction des corps, il y a une cérémonie sur le monument du puits, majestueux.

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