**** Note de la page 36.
Le
puits de Célas est un puits de
mine désaffecté de 130 mètres de fond où furent précipités en 44 des
résistants
morts sous la torture au fort Vauban. Combien ? On ne le sait même pas
vraiment. Deux mois après, à la libération, il fallut extraire les corps
ou ce
qu’il en restait et tous ne furent pas reconnus ; plus exactement comme
disait
Madame Rodier, une fille de résistants que j’ai interviewée «tous les
morceaux
n’étaient peut-être pas les bons». L’un d’entre eux était Gustave
Nouvel, le fiancé de ma mère. Je ne l’ai su qu’il y a 5 ans, après sa
mort, en
trouvant au grenier des lettres que celui-ci lui avait adressées.
Personne ne m’en avait jamais parlé. J’ai eu
l’impression de retrouver mon père. Un père, ce n’est pas seulement
celui qui a
engendré mais c’est avant tout celui qui a désiré, fût-ce à titre de
simple
fantasme, un enfant, d’une femme déterminée. Gustau voulait un enfant de
Pauline, une fille, et l’appeler Irène. C’est moi… Et ce n’est pas moi.
Tous
les ans, à la date anniversaire approximative de l’extraction des corps,
il y a
une cérémonie sur le monument du puits, majestueux.